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L'Université de Stanford (Californie - USA)


Le WebMobile de PressCom sur le Campus de l'Université de Stanford - Photo - ©PressCom 97 - [an error occurred while processing this directive]

L'Université de Stanford

STAFF: en 1996 un total de 7.247 personnes (enseignants, étudiants, personnel administratif et de services) contribuaient à la vocation de Stanford.

La mission de cette Université est l'enseignement et la recherche, tout en fournissant divers services directs aux étudiants et aux enseignants.

Quelques-uns des diplômés de Stanford
dans
l'Industrie et les Affaires:

- Eric A. Banhamou, Président de 3Com,
- Scott McNealy, Président de
Sun Microsystems,
- Philip Knight, Président de
Nike.

Reportage: ©PressCom Data Base 1997:

Le Département des Sciences Informatiques de Stanford
Entretien avec Jean-Claude Latombe,
Professeur et Président du Département des Sciences de l'Informatique (Department of Computer Science)
Université de Stanford, Californie - USA.


Jean-Claude Latombe dans son bureau de professeur à Stanford (Photo - ©PressCom 97)
Arrivé aux Etats-Unis en 1987 pour diriger le laboratoire de Robotique à l'Université de Stanford, Jean-Claude Latombe a été nommé Président du "Department of Computer Science" en janvier 1997. Ce Département est le laboratoire-phare de Stanford.
Après dix années passées au sein de la première Université américaine (classement par les professeurs d'Université aux Etats-Unis, voir enquête de
Business Week, 17 Juin 1997), le nouveau Chairman du "Department of Computer Science" fait le point sur son expérience américaine, nous parle des relations Université-entreprise, des raisons qui l'ont amenées à quitter la France, ainsi que de ses projets dans les domaines de la robotique et du cinéma.


Considérant son bureau de Président comme trop formel et austère, Jean-Claude Latombe nous reçoit dans son bureau de professeur, au rez-de chaussée de l'Immeuble William Gates sur le campus de Stanford, à Palo Alto, en Californie - USA.
Au mur, des photos de montagnes, et sur le bureau, près de l'ordinateur, un Bibendum Michelin escaladant une montagne. Nous avons affaire à un mordu de la montagne (escalade et trekking) ayant à son actif de nombreux sommets andins, asiatiques et africains.


Diplômé Ingénieur de l'Institut National Polytechnique de Grenoble, avec un doctorat et une thèse d'Etat, Jean-Claude Latombe est à Stanford depuis 10 ans, depuis le 1er avril 1987 exactement. Il y est venu, sous contrat, pour diriger le laboratoire de Robotique, qui fait partie du Stanford Department of Computer Science qu'il dirige maintenant depuis janvier 1997.


Q:
Quel est le rôle du Chairman du Départment de "Computer Science"?
JCL: Une Université comme Stanford est une entité très décentralisée. Chaque professeur est responsable d'une équipe. En fait cette équipe se comporte comme une petite entreprise. Chaque professeur va chercher ses contrats. Comme il y a une quarantaine de professeurs dans ce bâtiment, mon rôle n'est pas de gérer leurs domaines. Nous obtenons un total de 11 millions de dollars de recherche sponsorisées par an (en plus des sommes qui sont offertes à Stanford sous forme de dons, en nature ou en espèces). Je gère de mes propres contrats de recherche, car je continue de m'occuper de mon équipe. Ce qui m'intéresse le plus, c'est de négocier des contrats pour mon Département avec des sociétés comme Sun Microsystems ou Silicon Graphics pour que l'on ait constamment de bons équipements récents et très performants. Soit ils nous donnent ces équipements, soit ils nous les vendent à 10 ou 20% du prix public.
Une autre part importante de mes activités est de repérer soit de jeunes étudiants en doctorat que l'on désire recruter comme assistants professeurs, soit des professeurs dans les autres universités, que l'on veut engager ou "débaucher". Le recrutement de mes professeurs est important car nous n'avons pas des moyens illimités. Je recrute de deux à trois personnes par an, donc je ne peux pas me tromper!

Q: Comment êtes vous venu à Stanford?
JCL: A l'époque où je faisais ma thèse de doctorat, je suis venu ici aux USA travailler pendant un an au S.R.I. à Menlo Park près de Palo Alto. (Note: le S.R.I est l'ex-Stanford Research Institute qui est devenu depuis le SRI International, organisme privé, indépendant de l'Université de Stanford). La personne avec laquelle je travaillais est devenu le Chairman (Président) de cet organisme. Il occupait donc le même poste que celui que j'occupe ici à Stanford. Un jour, il devait recruter quelqu'un dans mon domaine, la robotique, et il m'a appellé en France. J'ai dit non deux fois et au troisième appel, j'ai dit oui. Je ne le regrette pas.

Q: Travaillez-vous avec beaucoup de français?
JCL: Ici, il y a peu de français quand on considère les nationalités. Il y a beaucoup d'indiens de l'Inde, de coréens, de chinois, de japonais et d'israéliens. Parmi les professeurs de mon département, vous trouverez deux français, un italien, deux israéliens, un chinois de Hong Kong, un iranien.
En général, les français n'arrivent pas à s'habituer à la forme de vie américaine. En France, tout est décidé d'avance, la sécurité sociale, la retraite, etc. Ici, il faut tout choisir: son système de sécurité sociale, sa mutuelle, son plan et système de retraite. Les gens considèrent que c'est cela la liberté. Au début cela me surprenait un peu, et maintenant... Peu de français arrivent à s'adapter. Ils viennent facilement pour des contrats de un ou deux ans, mais ils rentrent presque tous après cette période.

Q: Pourquoi avez-vous quitté la France?
JCL: Parce qu'en France il n'y a pas de compétition. L'absence de compétition m'avait déjà conduit à quitter l'Université en 1982 pour créer ma propre société. Les relations entre les universités françaises et le gouvernement sont du style:"...Je ne vous en demande pas beaucoup, mais ne nous embêtez pas...." C'est un peu cela. Le professeur a tendance à dire: "...vous ne nous donnez pas beaucoup d'argent, alors laissez-moi faire un peu ce que je veux..." Je ne dis pas que c'est vrai pour tout le monde, mais il n'y a pas de vraie possibilité de réellement progresser. Lorsque l'on est dans une Université française, on ne peut pas se dire que l'on va faire mieux que dans l'Université voisine. On ne peut pas embaucher qui l'on veut, on ne dispose que des moyens qui nous sont attribués. De toute manière, tout est centralisé, décidé à Paris. Et puis, je n'aimais pas ce système, (que je ne comprenais pas à l'epoque et), que j'analyse mieux maintenant: l'argent est distribué par le haut (il vient du gouvernement ou des projets européens) et il faut se le partager. C'est le meilleur moyen pour que les gens se disputent. Ici, il n'y a pas d'argent qui arrive par le haut. Les professeurs, sont indépendants et peuvent être en compétition dans des projets soumis à la N.S.F. (National Science Foundation) ou aux les militaires pour obtenir des contrats de recherche. Dans ces recherches de financement, les professeurs ne sont pas plus en compétition entre eux qu'ils ne le sont avec les autres Universités. Ils ne se disputent pas, au contraire, ils ont tendance à s'entendre entre eux pour créer des équipes de recherche qui ont ainsi plus de chances de gagner. Ces équipes peuvent changer et les alliances évoluent: elles sont fonction des sensibilités de chacun. En France, on me demandait de collaborer avec des gens avec qui je n'avais aucune envie de travailler. Pourquoi travailler avec des gens que je n'aime pas? J'ai donc quité l'Université française pour ces raisons:
- manque de compétitivité,
- système mou et très frustrant, qui a l'avantage pour certains, d'être protecteur et de ne faire courir aucun risque.

Q: Vous ne regrettez pas vos années dans le privé, à la tête de votre entreprise?
JCL: Je ne pense pas que j'aurais aimé travailler toute ma vie dans une entreprise. En France, en 1982, j'avais donc créé ma propre société, dont je suis devenu le Président du Directoire en 1984. Cette société existe toujours et a été rachetée par un grand groupe. Vouloir réussir dans les hautes technologies en France, c'est quasiment impossible. Il n'y a pas de venture capital et le marché est très petit. Ajoutez à cela la lourdeur de gestion et d'administration, et vous aurez compris. Jusqu'à 50 employés, c'était supportable, mais après avec la création d'un comité d'entreprise, les charges, etc... c'est devenu trop lourd. Et c'est alors que j'ai été appelé de Stanford pour la troisième fois, et j'ai finalement dit OUI. Les deux premières fois, mon refus était guidé par le souci du devoir vis à vis de l'entreprise, mais la troisiènme fois, j'ai dit O.K., le devoir passera après. Je suis très content ici. Mais même aux USA, je préfère travailler en Université qu'en entreprise. Stanford, c'est très compétitif, mais c'est plus tranquille qu'une start-up ! Les créateurs de ces entreprises qui démarrent dans les hautes technologies travaillent énormément. Ils alignent des logiciels à longueur de journée.. c'est très dur. Car dans le privé, il faut se consacrer à ce qui intéresse le marché.
Ici, c'est difficile, mais on peut se concentrer sur des sujets qui vous intéressent. Parce que j'ai fait ce choix, je gagne probablement moins d'argent, mais je continue à bien vivre.

Une visite dans le WebMobile de PressCom

Jean-Claude Latombe aux commandes de l'un des ordinateurs du WebMobile de PressCom, stationné sur le Campus de Stanford University, devant le William Gates Building, siège du Département des Sciences de l'Informatiques. (Photo ©PressCom 97)

Q: Quels sont vos projets?
JCL: J'ai décidé de me consacrer entièrement cette année à ma charge de Chairman du Département de Computer Science de Stanford. L'année prochaine j'enseignerai à nouveau et j'ai, en plus, deux projets (personnels):
- premier projet: l'ordinateur traite très bien les données, les bases de données, etc., mais il est mauvais pour se connecter au monde physique. Par exemple, un ordinateur se connecte très bien sur le Web de l'Internet, navigue, fait des recherches. Mais je ne peux pas envisager une interaction avec un instrument, avec un environnement physique qui se trouve à distance.
Prenons un chirurgien qui opère un patient avec son équipe. On peut facilement envisager un système mécanique, un robot, mais qui ne s'appellerait pas ainsi car le public a peur de ce mot. Ce système serait sous le contrôle d'un chirurgien assis devant sa Silicon Graphics (note: station de travail spécialisée dans l'imagerie médicale, entre autres images numériques de haute définition) à partir de laquelle il pourrait opérer, se faire relayer par un confrère plus spécialisé, avoir accès immédiatement à un nombre important de données sur le patient, la maladie, etc. A terme cela permettrait de faire participer, à distance d'autres chirurgiens, plus compétents.
- autre projet: réaliser des films en créant des personnages numériques, des acteurs digitaux, soit en les imaginant de toute pièce, soit en faisant revivre des personnages ou des acteurs du passé. Cela peut se faire automatiquement en mémorisant et programmant des gestes, des expressions, des mouvements du corps, etc. On pourrait ainsi avoir dans un même film Greta Garbo avec John Wayne ou John Kennedy.

Après cet entretien, nous avons visité le laboratoire de Robotique de Stanford, à quelques pas du bureau de Jean-Claude Latombe. C'est là que se réalisent les grands projets, notamment celui qui peut un jour déboucher sur des opérations chirurgicales à distance, par ordinateurs interposés.
A gauche, Jean-Claude Latombe présente l'un des robots en cours d'évaluation pour son projet d'intervention chirurgicale à distance. Le "robot" pilote une caméra qui analyse les mouvements d'un poisson dans un aquarium.
(Photo ©PressCom 97)
Le soir même, Jean-Claude Latombe partait, sac au dos, vers les sommets du Pérou pour un trekking de quatre semaines dans les Andes. Un mois de vacances, c'est tout à fait inhabituel pour un professeur dans une Université américaine, mais l'expédition étant exceptionnelle, il part un peu plus longtemps que ses collègues.

Entretien avec Jean-Claude Criton - ©PressCom 97.

(cet entretien a été publié le 27 juillet 1997 dans le Journal du Dimanche - Paris, en page 7)


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